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Rabbi Nahman de Breslev et Napoléon Rencontre à Tibériade



Rabbi Nahman de Breslev et Napoléon

Rencontre à Tibériade

Napoléon nourrissait le rêve grandiose de conquérir le monde et de transformer tout le bassin méditerranéen ainsi que l’Europe en un seul et vaste centre de culture française. Ses armées victorieuses écrasaient les pays l’un après l’autre. Comme Alexandre le Grand, le général français croyait que le Proche et l’Extrême Orient suivraient l’exemple et se soumettraient sans difficulté. Il conduisit personnellement ses troupes en Égypte, au-delà des anciennes Pyramides et du Sphinx, et les poussa jusqu’en Palestine.
En ce temps-là, un jeune rabbin, Rabbi Na’hman de Breslev, l’arrière-petit-fils du Baal Chem Tov, visitait la Terre Sainte afin de s’imprégner de l’esprit du saint Ari (Rabbi Isaac Louria) et de celui des nombreux autres sages et érudits qui avaient vécu dans les anciennes villes de Safed et de Tibériade. Là, Rabbi Na’hman, le futur chef d’un vaste groupe de ‘hassidim, passait de longues heures dans l’étude et la contemplation solitaire, emplissant son âme jeune et inspirée de l’esprit de l’adoration sincère du Créateur dont l’air même de la Terre Sainte était chargé.
L’un des lieux de prédilection de ses méditations était le cimetière de Safed. Là, parmi les pierres vétustes, battues par le vent et à demi renversées, il se sentait en communion étroite avec ces saints qui avaient consacré leur vie à l’étude de D.ieu et aux secrets de la Création.
Une nuit, après avoir terminé ses ferventes prières, il s’allongea afin de prendre quelque repos, posant sa tête sur l’une des vieilles pierres toutes couvertes de mousse, et s’endormit. Il fit un rêve. Il voyait un vieillard tout vêtu de blanc qui lui demanda d’interrompre ses méditations et de se rendre au lac de Tibériade où D.ieu lui avait assigné une mission très importante.
Rabbi Na’hman se réveilla alors de ce rêve étrange l’esprit tout empli de chacun de ses détails. Sans hésiter, il regagna sa chambre, empaqueta le peu qu’il possédait et quitta Safed conformément aux instructions du messager divin. Arrivé à destination, il loua une petite maison à proximité du lac de Tibériade et, s’installant dès qu’il le put sur la rive, se plongea dans l’étude, dans l’attente de ce qui arriverait.
Pendant ce temps, les troupes françaises, condamnées à une inactivité forcée, commençaient à montrer des signes d’énervement. Lord Nelson avait remporté une victoire éclatante sur la flotte non loin de l’embouchure du Nil et coupé du même coup la ligne de ravitaillement nécessaire à l’entretien des nombreuses armées de Napoléon. Celui-ci avait même échappé de justesse aux Anglais. Il installa son quartier général provisoire en Palestine, sur la rive opposée à celle où se trouvait Rabbi Na’hman de Breslev qui poursuivait nuit et jour ses études.
Napoléon était en butte aux contrariétés de toutes sortes. Les nouvelles qui lui parvenaient de France n’étaient pas faites pour le réjouir. Elles lui annonçaient les désordres et les rumeurs de complots qui se tramaient contre lui. Le moral de ses troupes ne faisait que baisser. L’oisiveté poussait les hommes à harceler et à piller les habitants des petites villes et des villages avoisinants.

Au secours d’un Juif

Un jour, un groupe d’entre eux fit irruption dans les cabanes des pêcheurs situées au bord du lac. Le propriétaire de la petite maison où logeait Rabbi Na’hman était un vieux Juif appauvri qui passait son temps à lire les Psaumes. Ils tiraient, lui et son fils, leur subsistance du peu que celui-ci gagnait avec sa barque et ses filets.
Quand quelques soldats français pénétrèrent dans le misérable logement et exigèrent du pauvre homme l’argent et les objets de valeur qu’il possédait, ce dernier leur répondit qu’il n’en avait pas. Ils ne le crurent pas et fouillèrent la maison de fond en comble. Furieux de n’y rien découvrir, ils bousculèrent le vieillard, l’insultèrent, le battirent, essayant de lui arracher un secret inexistant. En vain le vieillard protesta-t-il essayant de les persuader de sa voix, brisée qu’aucun trésor n’était caché dans sa maison. Les soldats ne l’en battirent que plus férocement. Ils furent sans pitié.
Les dénégations suppliantes du vieux Juif parvinrent jusqu’à Rabbi Na’hman qui se précipita à son secours. Pénétrant dans la cabane, il vit le pauvre pécheur subissant, impuissant, les sévices des pillards.
– Lâchez à l’instant ce vieillard ! leur cria-t-il.
Les rudes soldats furent décontenancés par la témérité de ce jeune homme à l’aspect si fragile qui les apostrophait avec tant d’autorité, mais ils se ressaisirent aussitôt,
– Tu as probablement envie d’être rossé toi aussi ? demanda l’un d’eux en ricanant. Viens, mon garçon, on va te faire faire connaissance avec le cuir de nos ceinturons !
Leur chef, à la mine patibulaire, s’avança vers Rabbi Na’hman pour le saisir. Mais dès que son regard rencontra celui du jeune érudit, il y vit briller une flamme dont l’éclat était si insoutenable que ses bras tombèrent inertes le long de son corps et qu’il demeura figé, incapable du moindre mouvement.
Ses deux compagnons observaient la scène, pleins d’étonnement. Ils voulurent venir en aide à leur chef, mais ils se trouvèrent, eux aussi, cloués sur place, subjugués par le regard de Rabbi Na’hman.
– Maintenant, donnez tout l’argent que vous avez au vieil homme, en compensation des brutalités que vous lui avez infligées ! ordonna Rabbi Na’hman.
Les trois fiers-à-bras, matés et comme privés de volonté, vidèrent leurs poches et placèrent tout l’argent à portée du vieillard. Mais ce dernier était trop faible pour le prendre.
– Portez le vieil homme dans son lit ! ordonna encore le jeune rabbin,
Et de nouveau les soldats s’exécutèrent sans un mot.
– Maintenant, partez ! Et que je ne vous reprenne pas à molester quelqu’un dans le voisinage !
Docilement, les trois maraudeurs s’esquivèrent, la tête basse, comme s’ils avaient honte de leur conduite.
L’histoire de l’attitude courageuse du jeune érudit se propagea comme un feu de paille. Les trois soldats en enflèrent les détails, les parèrent de mille couleurs de leur imagination et bientôt toute l’armée française stationnée autour du lac de Tibériade se trouvait prise au jeu des multiples versions plus ou moins fantaisistes qui circulaient au sujet de la magie du jeune rabbin. L’une de ces versions parvint aux oreilles de Napoléon lui-même. Piqué par l’audace d’un Juif qui avait osé résister à ses troupes, voire les braver et leur donner des ordres, il chargea l’officier de service de faire une enquête sur l’affaire.
Depuis cet incident, pas un soldat n’avait approché le quartier où vivait la communauté juive de Tibériade. Aussi la surprise y fut-elle très grande de voir un jour un officier de haut rang traverser les ruelles étroites, escalader les collines et se diriger vers la cabane du pêcheur. Deux soldats l’escortaient ; tous trois s’arrêtèrent à la porte de la baraque. Les deux soldats faisaient partie de la petite bande qui avait attaqué le vieil homme. Involontairement, ils eurent un mouvement de recul ; ils avaient conduit l’officier jusqu’au lieu où vivait le pêcheur, ils préféraient s’arrêter là. L’officier, comprenant leur réticence, pénétra seul dans la cabane.
Le vieillard était couché dans son lit ; à son chevet était assis un jeune homme qui soignait ses blessures. L’officier en déduisit que ce ne pouvait être que le jeune rabbin, le héros des histoires merveilleuses qui circulaient au camp. Toutefois, pour s’en assurer, il demanda :
– Es-tu le jeune homme qui a osé résister aux soldats français ?
– J’ai simplement dit à vos hommes de cesser de frapper un vieillard innocent, répondit tranquillement Rabbi Na’hman.
– Et qui es-tu pour juger les actions de soldats français ? demanda l’officier avec hauteur,
– Aucune raison ne pouvait justifier les brutalités dont j’ai été témoin, répliqua Rabbi Na’hman. En outre, je crois que les raisons de l’agression étaient fort claires !
Le ton du jeune rabbin, ferme et franc, mais sans l’ombre de provocation, frappa l’officier qui entama avec son interlocuteur une longue conversation. Rabbi Na’hman y révéla une telle pénétration, un instinct si sûr dans l’analyse des problèmes qui assaillaient Napoléon, une si fine connaissance de la politique et de la stratégie en général, que l’officier en fut tout bonnement émerveillé. Avant de prendre congé de son brillant interlocuteur, il était déjà conquis, bien qu’il ne fût pas homme à accorder facilement le respect et l’admiration. Il revint au quartier général et fit son rapport au général, celui-là même qui n’allait pas tarder à devenir l’homme le plus puissant de la terre.

La soif de gloire

Une nuit, au bord du lac qui miroitait doucement dans la pâle clarté lunaire, Rabbi Na’hman était plongé, comme à l’ordinaire, dans ses études sacrées. Tout à coup, son attention fut attirée par un bruit insolite. Il leva la tête et reconnut bientôt les contours d’un bateau qui approchait. Il crut le voir manœuvrer par des soldats, ce qui confirmait la rapidité avec laquelle l’embarcation avançait vers la rive. Quelques instants après, elle l’atteignit. Le passager accompagné par un homme sautait à terre et s’avançait.
– Soyez le bienvenu, Altesse ! dit Rabbi Na’hman au visiteur.
– Comment sais-tu qui je suis ? demanda Napoléon, surpris.

– La Torah éclaire ceux qui la suivent, répondit Rabbi Na’hman.
Napoléon se rendit compte aussitôt qu’il avait affaire à un jeune homme peu ordinaire. Il engagea la conversation avec lui et en fut très favorablement impressionné. 

Ayant acquis la conviction que Rabbi Na’hman avait fait preuve d’une grande acuité de vision dans les affaires du monde, ainsi qu’un jugement non moins solide, Napoléon lui demanda conseil : devait-il poursuivre son avance à travers l’Asie et, avec elle, sa tentative de domination mondiale ou rentrer plutôt en France afin de régler les problèmes intérieurs du pays ?

Rabbi Na’hman réfléchit pendant quelque temps, puis il répondit : « Je vois un grand avenir devant vous, mais de domination mondiale, point. 

Rentrez en France, et cultivez vos dons dans votre propre patrie. Mais ne nourrissez aucune illusion, car, à quelque hauteur que votre étoile vous porte, sachez que les carrières réalisées dans le sang finissent dans le sang. Le produit des luttes et des guerres n’est jamais la paix. L’histoire n’est pas faite par les hommes, mais par la Providence. »
Napoléon fut troublé par ce point de vue nouveau qui lui était formulé. 

Mais la soif de gloire sur les champs de bataille fut la plus forte. Il l’exprima en ces termes décisifs : « Plutôt une vie brève, mais pleine de gloire et d’honneurs, qu’une vie longue passée dans la paix. »

Rabbi Na’hman s’inclina respectueusement et répondit : « Chaque homme doit choisir sa propre voie. Mais n’oubliez pas que même les cœurs des rois sont dans la main de D.ieu. »

Avant de le quitter, Napoléon tenta de persuader Rabbi Na’hman de devenir l’un de ses conseillers. Mais l’érudit répondit que, lui aussi, il avait choisi sa voie. « Je ne cherche ni honneur ni gloire pour moi-même, continua-t-il, je prie D.ieu de me permettre de Le servir humblement de tout mon cœur, de toute mon âme et de toutes mes forces. »
Sur ces mots, les deux grands hommes se séparèrent. 

L’un devait devenir l’homme le plus puissant de la terre, mais seulement pour une brève période et sa vie se termina dans un triste isolement. Quant à Rabbi Na’hman, il ne vécut pas longtemps, mais durant sa courte vie, il parvint aux plus hauts sommets de la foi et de l’esprit. Il devint le chef bien-aimé de nombreux milliers de coreligionnaires, et sa tombe un lieu saint où les Juifs firent, et font encore de nos jours, de pieux pèlerinages. fr.chabad.org

Commentaires

  1. Ainsi, Rabbi Nah'man parlait français... ou corse, à moins que Bonaparte ne parla yiddish !

    Les belles histoires inventées ne grandissent pas leurs auteurs et laissent accroire que tout ce qu'ils affirment est faux, Torah comprise, ce qui est pour le moins contraire au message qu'ils souhaitent transmettre.

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    1. Rabbi Nahman de Breslev parlait plusieurs langues et Napoléon était entouré d'une équipe capable de lui traduire meme les dialectes locaux.
      Bien à vous

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